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Les faits marquant
L'INVASION EN PICARDIE : CANTON DE BRAY
Vingt-sept uhlans se présentèrent dans le village le 25 novembre 1870, poussant une reconnaissance sur Bray.
La chaussée était coupée : les cavaliers intimérent l'odre aux habitants d'avoir à la rétablir sans délai, menaçant de revenir en force et de chatier la commune si on refusait d'obtempérer à cette injonction.
Le 28 du même mois, 200 éclaireurs du Nord passaient la nuit à Cappy.
D'autres uhlans en petit nombre parcoururent, de temps à autre, Cappy et les environs, jusqu-au 30 décembre,
Jour ou l'ennemi coucha pour la premiére fois dans ce village qu'il occupa, sans désemparer, pendant 59 jours.
Le 3 janvier, les Prussiens revenaient en foule, et l'on évalue à 8 ou 10000 hommes l'effectif des troupes de toutes armes qui restèrent cantonnées à Cappy du 4 au 17 janvier. De formidables préparatifs de défense furent faits à cette époque, au couchant du village. Deux ponts avaient été entièrement coupés, des tranchées ouvertes et des créneaux ménagés dans les embrasures pratiquées à coups de pioches dans les murs des maisons et bâtiments situés sur la route. Un grand nombre d'arbres abattus servirent à la construction de portes solides, derrière lesquelles des barricades s'élevèrent. Sur les hauteurs qui dominent la route, trois batteries du 8e d'artillerie restèrent braquées dans la direction de l'ouest, pendant les deux semaines qui séparent les batailles de Bapaume et de St Quentin. Pendant ce laps de temps, aucun habitant de Cappy ne put sortir du village.
Les régiments qui occupaient alors la commune étaient : Le 28e de ligne, du 3 au 5 janvier ; le 29e, du 5 au 13, avec les 3 batterie du 8e d'artillerie, et plus tard : le 6e hussard, dits : hussards de la mort, le 7e hussards (garde royale), le 8e bataillon de pontonniers (pioneers), et les 28e, 29e, 30e, 44e, 68e, 69e, 70e et 81e de ligne.
Le prince Albert de Prusse, le prince de Hiessse, les généraux Strubberg et Manteuffel, le colonel baron von Loë, le major Sax, du 70e ; le colonel von Ronsenzweig, du 29e, le capitaine litski, du 2e, et le sergent Harting,
Du 8e d'artillerie de campagne du Rhin, (ces quatre derniers décorés, par ordre du 6 janvier 1871, de la croix de fer de première classe), passèrent ou séjournèrent successivement à Cappy : le feld-maréchal de Molke y vint aussi, dit-on, le 14 ou 15 janvier, inspecter les travaux défensifs de la ligue de la Somme.
Cette commune eut beaucoup à souffrir de la brutalité allemande : les coups de crosse et de plat de sabre, dont furent victimes la plupart des habitants, attestèrent hautement que la mise en pratique de cet axiome barbare du prince de Bismark : la force prime le droit, avait été recommandée depuis longtemps aux sujet du roi de Prusse.
Chez M.Lejeune, sur la chaussée, un incendie, dont on se rendit maître promptement, fut allumé par des soldats ennemis. Un sieur Marcel darras, rue de Chuignes, voit sa maison livrée, sans motif, au pillage, et doit se cacher lui-même pour échapper à la mort. Pendant l'armistice, les Prussiens essaient d'enlever, sans réquisition régulière, chez M. Alphonse Delavesne, rue Capier, un cheval et une voiture. Son beau-frère, Charles Hatté, accouru pour lui prêter main forte, est terrassé ; et les soldats, armés d'une crémaillère, lui fendent les lèvres et lui brisent quatre dents ; puis ils le traînent, à demie-mort, sur le fumier.
Le 22 mars 1871, toutes les troupes d'occupation célébraient, en France, la fête du César allemand. Les soldats cantonnés à Cappy exigent du maire, M. Pinte, que la maison commune leur soit ouverte pour donner un bal. Le maire s'y oppose énergiquement, et ce refus est le signal d'un pillage effréné. Les vitres, les portes, les meubles de la ferme de M. Pinte sont brisés, et ce dernier, menacé par les baillonettes prussiennes est contraint de se réfugier dans une maison amie. Par ordre du lieutenant commandant le détachement du 81e de ligne, nommé von Brandt, une garde de dix hommes est établie chez le maire qui ne put rentrer à son domicile qu’après avoir porté plainte au préfet prussien, à Amiens, et à M. Jules Favre, alors ministre des affaires étrangères.
Quelques jours après, l'ennemi quittait momentanément la commune, qui fut définitivement évacuée le 19 juin 1871.
Avant comme après les batailles, le soldat prussien paraissait très anxieux ; l'émotion était même assez forte, chez quelques-uns, pour leur arracher des larmes, lorsque le clairon sonnait l'appel aux armes. Les officiers eux-mêmes ne dissimulaient pas le mécontentement que leur causaient la longueur de la lutte et l'indomptable ténacité du général en chef de l'armée du Nord, qu'ils n'appelaient jamais que «monsieur Faidherbe, grand stratégiste-ou : chiendent Faidherbe…. ». Cette dernière locution manque peut-être d’ailicisme ; on ne saurait toutefois y méconnaître un certain cachet de respect, et nous ne saurions exiger davantage des fils grossiers de cette nation, que les mœurs et la langue des pays civilisés n'ont point encore touchée.
REQUISITIONS.
Le nombre des réquisitions qui, des premiers jours de décembre 1870 au 22 mars suivant, ont frappé cette commune est si considérable, qu’il est difficile d’en préciser les dates successives : peu de réclamations régulières, d’ailleurs ; en revanche, des pillages presque quotidiens.
Le montant de ces réquisitions s’élève à 139,549 francs 48 centimes, se décomposant ainsi :
Contribution en argent 7,187 f. 48
Grains et fourrages 70,141
Bestiaux 34,567
Objets divers 27,654
Les ponts de Cappy furent rétablis plus tard par un détachement du 8è pionniers. Mais l'ennemi les répara avec si peu de solidité que leur passage dut être interdit aux pièces d'artillerie, même démontés. Les canons étaient dirigés par la route d'Amiens à St Quentin.
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